Les actes des LORRAINS dans les émancipations et l’anti esclavagisme

Les actes des LORRAINS dans les émancipations et l’anti esclavagisme

 
NANCY CAPITALE D'UN ÉTAT INDÉPENDANT
A l'issue de neuf ans de guerres entre la France et une large coalition européenne, la paix de Ryswick restitue en 1697 son indépendance effective à la Lorraine et l'intégrité du duché. Le duc Léopold, en exil en Autriche et neveu de l'empereur, épouse la nièce de Louis XIV Elisabeth-Charlotte d'Orléans, et rentre dans ses Etats et à Nancy leur capitale.

La Lorraine entame le 18ème siècle en Etat indépendant avec ses lois, ses armées, sa monnaie, ses mesures et ses poids, s'appuie sur les revenus de ses mines d'argent et de ses salines, développe des manufactures. Elle dispose aussi de l'une des trois universités européennes créées au 16ème siècle, à Pont-à-Mousson avec Ingolstadt et Cracovie.
 
     
LES LUMIÈRES DE LA COUR DE LORRAINE
En 1702, le duc Léopold fait édifier le Palais de Lunéville pour y installer sa Cour à l'écart de sa capitale Nancy, en symbole de l'indépendance retrouvée du duché et de la restauration de sa dynastie dans le haut rang des familles royales. C'est aussi le signal de la reconstruction économique et du réaménagement des territoires lorrains, pour inaugurer un modèle d'Etat.

A Lunéville, dans le rayonnement de la Cour de Versailles [de la langue française, des idées et des goûts] en Europe, le "siècle des Lumières" renforce les échanges intellectuels anciens et continus de la Lorraine entre Paris, Vienne et Berlin, comme entre Toscane et Flandres.

Le duc "éclairé", souverain désireux d'incarner le sens de l'Etat nouveau, fait écrire le Code Léopold en recours de Justice dans les contradictions des privilèges et des droits d'usages, et qui sépare l'Eglise en entité privée. Il protège l'intelligence contre l'obscurantisme, organise l'éducation, constitue une bibliothèque, mécène un renouveau des arts, encourage les progrès des sciences et des techniques.

En 1736 des accords entre France et Empire d'Autriche font échoir le duché au beau père de Louis XV, Stanislas Leszczynski, roi détrôné de Pologne. Bien qu'en réalité sous tutelle française, la Lorraine peut bénéfi cier d'une période de paix, à l'écart des conflits européens. Stanislas poursuit l'action de son prédécesseur en faveur de l'éducation, ouvre une bibliothèque publique, des institutions de bienfaisance, crée une académie de savants. Lui-même auteur d'une "utopie civique", il correspond avec les philosophes et donne un éclat festif à la vie du château où il multiplie les pavillons et les décors.

Etape dans le circuit européen des intelligences, la Cour de Lunéville attire les séjours de Montesquieu avant et après la parution de "L'Esprit des lois", et de Voltaire avec son amie Emilie du Châtelet qui achève traduction et commentaires des travaux de Newton, et de nombreux autres beaux esprits comme l'abbé Morellet ou les scientifiques La Condamine et Maupertuis.

En 1766, la mort de Stanislas met définitivement fin à l'Etat de Lorraine par sa "réunion" à la France.
 












Extrait de Correspondances ignorées sur la servitude. Histoire transverse des émancipations.
Chapitre L'apport fécond des Lumières d'un Etat disparu. Gérard Benhamou
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